Ça partait pourtant bien, comme la plupart des plans galères d'ailleurs. Mes bagages faisaient pile le bon poids. J'ai retrouvé par hasard un collègue du Drive à l'aéroport de Nîmes. Le vol fut agréable. Un petit café à Luton avec ledit ex-collègue et un autre gars sympa en attendant nos bus. Jusque là, parfait, en un mot.
Tout commence lorsqu'ils partent, en fait. Je trouve mon bus du premier coup, certes, mais je m'assomme violemment contre ce dernier en rangeant mes valises dans la soute. Moi, plutôt joasse, je ris de ma douleur, du bruit sourd de ma tronche contre c'te foutue soute, de l'inquiétude de l'Anglaise qui a assisté à mon show. Je monte d'un pas décidé dans l'engin, et apprend que le ticket devait être acheté à une borne dont le chauffeur me désigne l'emplacement d'un geste vague. Ah, et que j'ai quatre minutes pour ce faire.
Je cours, je cherche, je trouve une borne. Cependant elle semble exiger 60£ contre mon ticket. Absurde, j'ai dû me planter de borne. Pas encore totalement remise de mon trauma crânien, je pique tout de même un sprint vers le bus afin de me refaire expliquer la procédure. Évidemment, le temps ne s'est pas arrêté. Comme il ne reste que deux minutes avant son départ, le chauffeur accepte exceptionnellement de me vendre lui-même le fameux ticket. Soulagée, je lui tends 20£ qui le font sourire: le trajet en coûte bel et bien 40 de plus. Il refuse ma carte de crédit et mes euros, me rend mes valises et tente de me consoler en me disant que le prochain bus arrive dans deux heures.
Ça passerait encore encore si je pouvais appeler Hya et lui expliquer que finalement je vais l'attendre quelques heures à Luton. Mais dans les galères, tout comme dans les films d'horreur, le destin suit inévitablement la célèbre règle dite du "Oh merde, mon portable va s'éteindre, j'ai plus de batteries!". Comme j'ai oublié d'acheter un adaptateur, impossible de charger mon portable dans l'aéroport. Et les cabines téléphoniques, me direz-vous? Oui je comprends, j'ai pensé pareil. Je passe une bonne vingtaine de minutes à essayer de m'en servir, en vain. Pour faciliter les choses, ça ne fonctionne pas non plus lorsque Hyacinthe essaye de m'appeler au numéro pourtant gravé sur la cabine.
Fort heureusement - quoi qu'en disent les profs de Français - on a inventé le langage sms qui me permet de lui expliquer la situation en dix secondes. Plus qu'à attendre au dépose-minute, dans la nuit, dehors afin de ne pas rater la voiture de Hya, pour une durée encore indéterminée. En fumant mon poids en clopes et en esquissant des petits pas de danse malgré le regard des passants grâce à mon baladeur tout neuf (... pas pour le fun mais pour me réchauffer, et ne vous inquiétez pas pour la réputation des Françaises: si on me parle au beau milieu de ma choré, je suis Espagnole.)
Néanmoins, quatre fiertés aujourd'hui:
- je n'ai pas pleuré, ni dans l'avion, ni lorsque le chauffeur m'a rendu mes bagages, ni rien;
- j'arrive à écrire tout ça dans mon carnet malgré les spasmes dus à la température;
- mon accent m'a semblé meilleur que la dernière fois;
...
- et je suis bien la fille de ma mère. (cela n'aura de sens que pour ceux qui connaissent ses nombreux exploits ^^')